Le Salon de l’auto de Detroit : Le retour aux sources

Les temps ont bien changé. Il fut un temps, pas si lointain, où les évènements les plus significatifs de l’industrie automobile étaient ce que nous appelions les Salons de l’auto. Ces soi-disant « salons » consistaient surtout à de vastes expositions intérieures où chaque constructeur avait un stand qui mettait en vedette ses plus récents ou ses plus beaux produits. L’industrie en profitait en même temps pour attirer, par l’entremise de milliers de visiteurs, d’éventuels acheteurs de voitures neuves qui seraient redirigés vers les concessionnaires.
Puis, durant les années cinquante, les plus importants constructeurs se sont mis à concevoir des études de style, des prototypes surnommés « concept cars » qui trônaient au milieu de leur stand comme une grande vedette! Presque chaque grand salon mettait en vedette une poignée de ces études de style, bien souvent des modèles uniques, pas toujours fonctionnels dont plusieurs ne verraient pas de lendemain. Ceux qui allaient faire la une des grandes publications automobile pouvaient se retrouver en production éventuelle. Durant les années quatre-vingt et quatre-vingt-dix, ces incroyables « salons » allaient attirer des foules considérables à un niveau international. Parmi ces spectaculaires évènements, on pouvait compter ceux de Paris, de Francfort, de Tokyo, de New York mais surtout celui de Detroit, une ville toujours considérée comme le « berceau de l’automobile ».
Mieux connu sous le nom de North American International Auto Show, ce grand salon accueillait non seulement les prototypes et nouveautés de notre continent mais aussi ceux d’importants constructeurs européens et asiatiques et ce, dans de spectaculaires kiosques qui coûtaient des millions de dollars à construire.
Cette époque fut passionnante avec des présentations toutes plus spectaculaires les unes que les autres. Mais avec le temps, la passion pour ces grands spectacles « shows » s’est estompée surtout que plusieurs constructeurs ont commencé à se rendre compte que les énormes budgets alloués à ces spectacles ne rapportaient finalement pas beaucoup de revenus. L’ère de la « pandémie » est venue mettre un terme à ces grandes expositions. Aujourd’hui, la nouvelle tendance est de réduire l’importance de ces expositions en n’y présentant que la production normale avec quelques nouveautés et un ou deux véhicules un peu plus poussés. Le salon de Detroit fut le plus touché. Ses organisateurs ont bien tenté de le raviver même en y changeant la date pour un mois plus chaud de juin au lieu du frigorifique mois de janvier. Rien n’y fit, l’industrie automobile n’y a pas répondu.
Par conséquent, le North American International Auto Show de Detroit n’est plus. Il est redevenu le Detroit Auto Show. Présenté de nouveau dans le centre de la ville et au tout début de janvier, comme dans le passé, son contenu est désormais destiné au marché local. Toujours présenté dans le grand hall de l’Huntington Place (autrefois le Cobo Hall ou Cobo Center), les visiteurs sont maintenant majoritairement des gens de la place. Il y avait bien, cette année, quelques prototypes ou « concept cars » (qui avaient déjà été vus dans d’autres évènements) mais il n’y a pas eu de présentation spectaculaire comme dans le passé sauf pour le dévoilement de deux Mustang arborant une décoration spéciale la veille de l’ouverture. Toutefois, les visiteurs ont eu droit à la possibilité de conduire, à l‘intérieur même du salon, certains modèles de quelques constructeurs sur un circuit fermé.
Par conséquent, ceux qui ont déjà vécu le grand Salon de Detroit du passé, le North American International Auto Show, devront se contenter des vieilles photos qui y avaient été prises. Pour le reste, les Salons de Montréal, Québec, Toronto et Vancouver ne seront plus éclipsés par celui de Detroit! C’est la fin d’une époque!